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Faire de l’IA un « New deal » de la proximité

Le débat sur l’intégration de l’intelligence artificielle au cœur des process des collectivités s’est accéléré ces derniers mois. L’IA générative offre, comme dans de nombreux secteurs d’activité de pointe comme la santé, des perspectives incontournables. L’IA innerve désormais les écrans domestiques et les équipements du quotidien. Les services publics, en toute logique, ne peuvent être en dehors des usages et des réflexions.


Organiser, pérenniser ponctuellement un service, soulager les agents quand on ne parvient pas à recruter en zone très rurale est déjà dans des logiques évoquées. Simplifier les tâches et réduire les délais d’exécution peuvent concerner de nombreux domaines et missions d’une collectivité.  Mais que les plus sceptiques se rassurent, l’IA sera certes un renfort utile mais ne remplacera pas la technicité acquise de l’expérience sur le terrain. Le système D et le génie humain restent un facteur de créativité et le ferment de l’audace.


J’en veux pour exemple les innovations d’une entreprise de la bio-tech installée à Limoges, InSilibio, qui a développé une solution numérique permettant de tester des molécules pour des programmes de recherche cosmétiques, pharmaceutiques et alimentaires afin de limiter les tests sur les organismes vivants (animaux, cellules humaines…). L’algorithme a été développé par l’informatique et l’intelligence artificielle, mais rien n’aurait été possible sans la commande humaine, l’idée et l’impulsion de son créateur. C’est lui qui fait évoluer son système et le corrige.


Tout l’enjeu pour les institutions comme une Ville, est d’identifier les potentielles ressources et outils disponibles autant que de favoriser une acculturation des équipes. Sans négliger les freins ou contraintes inhérents à tout mécanisme de progrès technologique. S’il serait aujourd’hui impensable d’interdire ou de freiner l’intégration de l’IA dans notre collectivité, il n’en demeure pas moins que le facteur humain ne doit pas être négligé. De plus, comme beaucoup de projets structurants transversaux, le déploiement souffre de nos organisations encore très pyramidales.


En 2020, j’ai souhaité désigner un élu de notre équipe, Jean-Marie Bost, comme conseiller municipal délégué à la smart city. La « ville intelligente » était alors encore un concept évoqué médiatiquement mais pas encore assez incarné. Après un audit assez poussé sur les pratiques, l’audition de tous les services, une revue des projets, des orientations et un plan de développement ont été présentés le 15 novembre 2022 en conseil municipal. L’enjeu est de faire de Limoges « un territoire résolument collaboratif qui prend le parti des technologies et des services innovants pour faciliter la vie des citoyens, répondre aux nouveaux usages et rendre l’action plus efficace ». Ceci étant posé, le programme repose sur 3 piliers : les infrastructures, les données et les services numériques rendus aux usagers.


Notre collègue s’est doté d’une petite équipe très agile, a identifié les relais dans les services qui se sont employés, au-delà les projets déjà engagés comme l’optimisation de l’usage de l’eau dans l’arrosage des espaces verts, à lancer des expérimentations pour identifier des démonstrateurs dans nombre de secteurs différents de la collectivité en associant des personnels aux profils multiples : optimisation de la gestion du chauffage dans les écoles ou de l’énergie dans les bibliothèques, création d’un portail interne des data, lancement d’un pilotage intelligent de la gestion d’énergie hydraulique, refonte des services administratifs dématérialisés…


Dans la gestion et le traitement des énormes volumes de données qui seront générés par les usages de la ville intelligente, l’IA sera certainement en mesure de les analyser et de les interpréter pour prévoir des pannes potentielles ou renforcer la sécurité des réseaux d’IoT (Internet des Objets) contre les cybermenaces.


En combinant les données de l’IoT avec les capacités d’analyse et de traitement de l’IA, il devient alors possible de développer des applications et des modèles prédictifs avancés où les systèmes interconnectés améliorent fortement la qualité de vie des citoyens et l’efficacité des services urbains.


Outre la nécessité d’adosser l’usage de ces technologies innovantes au respect de valeurs éthiques fortes sans lesquelles l’adhésion de toute communauté ne serait pas possible, il faut surtout que les apports de l’IA se concrétisent, se pratiquent, se challengent. Il est surtout question d’appropriation.


Les débats actuels vont plus loin et évoquent l’exigence de souveraineté de l’IA. Au-delà de la question de propriété intellectuelle, de la sécurité numérique et de l’inviolabilité des systèmes, la souveraineté des data semble se confronter aux conséquences même de la dynamique de mutualisation, inscrite dans le fondement même de l’Intelligence créative. Le chercheur français François Taddeï, fondateur du Learning planet institute à Paris, est en train de créer une IA générative pour l’Unesco à partir des publications de 180 labos mondiaux et nous, collectivités, nous serions dans une tentation du repli à l’heure de la co-opération et de l’open source ? C’est un débat qui ne peut pas être que technologique et là encore, il est urgent que nous élus, nous définissions ce qui peut être attendu des collectivités territoriales de demain.


A la Ville de Limoges, nous souhaitons proposer à nos agents et aux usagers, une IA générative qui leur permettent d’obtenir des réponses rapides et fiables sur le fonctionnement de la Ville, l’action municipale et les services. C’est plus qu’un outil de conversation qui demanderait à un robot de répondre à une question de manière mécanique. C’est faire en sorte que l’intelligence collective et « le frottement des cerveaux », dont naissent chaque jour mille idées, soient mis au service de l’amélioration des services rendus notamment aux plus fragiles, et au service du bien-être de la population.


Et ça, ce n’est pas rien ! Mais, c’est désormais à notre portée…


Emile Roger LOMBERTIE Maire de Limoges


Cet article est également publié sur Mission Ecoter. Vous pouvez retrouver la tribune complète ici.

 

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