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77ème anniversaire de la Libération de Limoges

Retrouvez ci-dessous mon discours, prononcé le 21 août lors de la commémoration du 77ème anniversaire de la Libération de Limoges :


"Monsieur le Préfet,

Mesdames et messieurs les Parlementaires,

Mesdames et messieurs les Conseillers Régionaux et Départementaux,

Monsieur le Président de Limoges Métropole,

Mesdames et Messieurs les Maires,

Mesdames et Messieurs les élus communautaires,

Mesdames et Messieurs les élus municipaux

Mesdames et messieurs les représentants des autorités militaires, civiles et religieuses,

Madame le Procureur général représentant la Cour d’Appel de Limoges

Mesdames et messieurs les anciens combattants et portes drapeaux,

Chères Limougeaudes, chers Limougeauds,

Chers amis,



Limoges, un vingt et un août, date devenue légendaire depuis 1944 dans l’imaginaire politique local.

Date symbolique pour fêter la libération de Limoges, pour effacer les divisions, les renoncements, les dénonciations issues des haines et des lâchetés, les tentatives d’assassinats contre ce résistant qui s’apprête à rentrer dans Limoges en Libérateur.


Depuis quelques semaines déjà, l’Histoire se met en place pour que cette date soit marquée à jamais dans nos mémoires.


1933, un fasciste nommé HITLER arrive au pouvoir en Allemagne avec la volonté affichée d’un expansionnisme territorial et d’une toute puissance basée sur une idéologie raciste : la suprématie de la Race Arienne et une vision antisémite conduisant aux camps et à l’holocauste systématisés. Autour de l’Allemagne, les démocraties sont partagées entre le camp de la Paix luttant pour ne plus revoir les horreurs de 14-18 et celui préconisant une autonomie des nations reposant sur des armées efficaces, modernes. Etats partagés entre ceux qui ferment les yeux sur le réarmement massif de l’Allemagne et ceux qui s’inquiètent des conséquences prévisibles d’un tel réarmement.

En cette année Charles de GAULLE qu’il me soit permis de citer ici brièvement l’autre mythe du 20ème siècle que fut Winston CHURCHILL.

De 1925 à 1940 Charles de GAULLE et Winston CHURCHILL ne cessèrent de mettre en garde leurs gouvernements successifs contre les risques d’une autre guerre et la nécessité d’avoir des armées et une stratégie de défense qui soit revue et adaptée aux temps modernes : mécanisées, puissantes tant sur terre que sur ou sous mer ou dans les airs ; utilisées dans le cadre de tactiques de mouvements.

Tous deux sont pénétrés de la grandeur de l’empire pour leur nation, du risque et de l’horreur portée par Hitler et l’organisation de son expansionnisme fasciste. Tous deux se méfient de Staline qui a un pacte avec HITLER mais savent l’importance que peut avoir l’empire soviétique et l’hiver Russe pour affaiblir les armées allemandes.

CHURCHILL et de GAULLE ont étudié NAPOLEON et ils ont vécu la grande guerre et réfléchi l’Histoire, l’organisation et le commandement des armées, les stratégies. Enfin tous deux s’interrogent sur l’importance économique et politique prise par les Etats Unis d’Amérique et la victoire finale qui ne peut se réaliser sans les USA.

Juin 1940 et la débâcle Française scellera leur relation dans une sorte de Pacte auquel chacun a besoin de l’autre : La victoire ou la mort ! De cet engagement à ne pas céder, à poursuivre le combat, naitra après des péripéties terribles, ce moment tant attendu : la libération de la France précédant celle de l’Europe.

L’attaque de l’union Soviétique puis l’entrée en guerre des USA fera basculer la victoire vers le camp des démocraties. Maurice THOREZ, considéré comme déserteur depuis 1939, condamné, était lui parti prêter main forte à STALINE. Amnistié par le Général de GAULLE en octobre 1944, il rentrera en France avec ce petit mot de STALINE à chaque visiteur Français : « Alors, de GAULLE n’a pas encore fait fusiller THOREZ ? »

Désobéissant aux ordres du parti, Georges GUINGOUIN, instituteur, entrera progressivement en résistance puis deviendra, « lou Grand » commandant un maquis organisé et nombreux.

La terre de nos aïeux, n'échappera pas au diktat. C’est ce sentiment indescriptible de résistance, pour la survie de la patrie, qui poussera les enfants des soldats de 14, filles et garçons, à prendre les armes. Mais quelles armes au lendemain d’une telle débâcle?


Devrions nous croire que les divisions qui ont fait notre histoire moderne, de la révolution à la collaboration, n'étaient que la consécration d'un règne fratricide ? Face aux dangers actuels, nous serions avisés de réfléchir à nos errements passés pour ne pas en reproduire les conséquences néfastes. Le pire est toujours possible.


Face à l’envahissement du territoire, l’idéal national patriotique, et ses trois symboles forts : liberté, égalité fraternité vont sous-tendre l’engagement de résistance contre tout agresseur de notre espace commun : la République Française.


Georges GUINGOUIN, Instituteur et bientôt stratège de guerre, sera l'un de ces chefs qui, très tôt, sans attendre de soutien, prendront les rênes d'une résistance de l'intérieur.

Le camp de la paix et ses députés, qui avait confié au Maréchal PETAIN les pleins pouvoirs, oubliera dans l’armistice de la défaite l’humiliation de Rethondes et de Montoire.

Cette résistance, faite de groupes épars et souvent guidés par des projets différents, deviendra l’armée de l’intérieur, de la France, sous les ordres du Général de GAULLE grâce entre autres à Jean MOULIN. Elle permettra à la libération d’échapper à une administration américaine du territoire national libéré, permettant de rétablir la République puis la réorganisation économico-sociale de la France.


Ce 21 août 1944, c'est encore un de ces faits de guerre, qui finira de construire le mythe de Georges GUINGOUIN, devenu Colonel avant de devenir maire de Limoges. Une Libération sans victime, ou presque. Le général de brigade Walter GLEINIGER et son chef d’état-major VON LIEBICH, n'échapperont pas à la violence nazie aux mains des SS.


« Le préfet du maquis », titre sous lequel Georges GUINGOUIN signera ses premiers arrêtés à l’automne 1943 dans le but de marquer les esprits mais aussi d’assurer le processus d’inversion du pouvoir entre Vichy et le maquis, usera tout au long de la guerre de stratégies visant à assurer la victoire finale.

La bataille dite du Mont-Gargan va se dérouler entre le 17 et le 20 juillet 1944. Grâce à sa manœuvre de repli, G GUINGOUIN réussit à éviter l’encerclement de ses troupes et à conserver les armes parachutées par le SOE quelques jours plus tôt. Cette victoire favorisera la libération de la ville et aidera à sursoir au bombardement de Limoges, un temps programmé.


C’est aussi à ces femmes et à ces hommes que nous rendons hommage, et à qui nous devons cette cérémonie qui nous réunit aujourd’hui : L’œuvre de MEMOIRE.


Qui de mieux qu’un résistant français pour reconnaître la bravoure et l’action de ces femmes et de ces hommes. Laissez-moi vous dire ces quelques mots de Jean-Louis CREMIEUX-BRILHAC, engagé dans les Forces Françaises Libres dès 1941 après s’être échappé d’un Stalag et qui reviendra en 2013 dans une revue scientifique sur son expérience au cours de la guerre :


« Un pays ne s’honore pas en esquivant sa vérité ; Ce n’est ni diminuer ni démystifier la Résistance française, comme le veulent aujourd’hui certains, que de redonner sa place à l’apport britannique. Il importe de le dire : sans la BBC, sans les parachutages et atterrissages clandestins et sans le rôle du SOE, ni l’action en France des services secrets du Général de Gaulle, ni la Résistance française, ni l’insurrection nationale n’auraient pu être ce qu’elles ont été. »


Soyons fiers de ces hommes et de ces femmes entrés en action pour un idéal de liberté et d’humanisme, que ce soit très loin de leur contrée ou sur place.


C’est le cas de Thérèse MENOT, Conseillère Municipale de la Ville de Limoges de 1995 à 2001 mais surtout résistante dès l’âge de 20 ans. Elle intègre le réseau Combat à partir de 1943 et se spécialise dans le trafic des cartes de travail pour les réfractaires au STO.

Toute juste mère, elle est arrêtée par la Gestapo le 4 janvier 1944. Déportée au camp de concentration de Ravensbruck, elle est libérée le 5 mai 1945 et rentre à Limoges quelques jours plus tard dans ses habits de déportée.


N’oublions pas non plus nos sœurs et nos frères tombés partout en France, de Limoges à Brantôme à Tulle ou à Oradour, dans un énième massacre de l’occupant qui sentant la libération venir, usera de toutes ses forces barbares pour maintenir un ordre finissant.

Parmi ces forces figurent de malheureux compatriotes séduits par les perspectives idéologiques de l’ennemi, parfois depuis les années 1930 ; dans une Europe qui se montrera faible à Munich face à un ennemi qui ne cachera jamais ses objectifs.


Certains français, engagés dans la Milice, sont toujours, au printemps 1944, aveuglés par un fanatisme les rendant coupables des pires exactions, du plateau des Glières à la forêt de Fontainebleau.


Le milicien Jean de VAUGELAS, nouveau directeur des opérations du maintien de l’ordre dans la région de Limoges, s’adresse le 27 avril 1944 aux résistants et à leurs sympathisants les appelant à se livrer aux forces du maintien de l’ordre. L’affiche sur laquelle est martelé cet appel est recouverte d’une inscription à la peinture rouge : « Le maquis. L’heure de la libération approche. Courage. On les aura les boches. Vive la France ».


Le 15 août, Tulle et Brive sont libérées et les alliés débarquent en Provence. L’évacuation de Limoges a déjà commencé. La place Marceau voit converger autour d’elle les vainqueurs d’hier et leurs suiveurs, prêt à fuir vers l’Est dans une énième folie aveuglante.


Les négociations qui ont été entreprises entre les maquisards et l’état-major allemand se poursuivent alors que les groupements mobiles de réserve, autrefois chasseur de résistants, se rallient au maquis le 20 août.


La capitulation n’est plus que l’unique solution pour éviter un bain de sang. Elle est effective à 21 heures. Georges GUINGOUIN et ses troupes, arrivant par le Pont-Neuf sont accueillis par la foule limougeaude comme des héros qu’ils sont.


Nous sommes Le vingt et un août 1944, Limoges est libérée.


Que de chemins douloureux parcourus depuis cette débâcle de juin 1940. Cette victoire et cette Liberté n’ont pu avoir lieux que parce que Winston CHURCHILL et Charles de GAULLE ont refusé de renoncer face au fascisme et à son expansionnisme totalitaire et meurtrier. La France sera libérée par ses armées d’Afrique, d’Angleterre, intérieure de résistants et par ses alliés dont la Grande Bretagne. Grâce à nos résistants dont Georges GUINGOUIN, fort de sa ténacité et de sa vision, Charles de GAULLE pourra, avec l’aide de Winston CHURCHILL faire reconnaître la France comme membre des nations victorieuses puis du conseil de sécurité de l’ONU.


Avant de conclure qu’il me soit permis ici de remercier tous ceux qui eurent le courage de ne pas renoncer ; de dire non à la barbarie, au racisme, à l’antisémitisme, à toutes les formes de totalitarisme et de xénophobie. Nombreux ont été celles et ceux qui ont payé de leur vie cette liberté, qu’ils reçoivent ici témoignage de notre reconnaissance. Que leur conduite nous serve d’exemple.


A nos libérateurs ; pour que vive Limoges, pour que vive la République, pour que vive la France.


Je vous remercie."


Churchill : Andrew Roberts ; Perrin – 12-2020

De Gaulle une certaine idée de la France Julian Jackson ; Seuil -8-2019

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