Voeux aux personnalités et aux donateurs
Retrouvez ci-dessous mon discours, prononcé le 25 janvier lors de la cérémonie des voeux aux personnalités et aux donateurs :
"Monsieur le Préfet de Région Nouvelle-Aquitaine
Monsieur le Président du Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine
Monsieur le Préfet de la Haute-Vienne
Mesdames et Messieurs les parlementaires
Mesdames et Messieurs les élus
Mesdames et Messieurs représentant les autorités judiciaire, militaire et consulaire,
Mesdames et Messieurs représentant les corps constitués
Chers donateurs du patrimoine municipal,
Mes chers concitoyens
Nous avons été élus pour transformer Limoges, réparer, entretenir, construire, faire fonctionner, la faire entrer avec son espace Urbain dans le 21ème siècle. Notre engagement repose sur une triple base éthique : humaniste, durable avec la protection de l’environnement et raisonné au sens de Spinoza où la raison doit gouverner les passions. Vous venez de le voir sur ce petit film réalisé par les équipes de la ville : l’année 2017 a vu un nombre important de projets se réaliser. Je n’y reviendrai donc pas. Pour 2018, celles et ceux d’entre vous qui s’intéressent à la vie de Limoges le savent : d’autres projets et réalisations sont prévus ; je me contenterai donc de les annoncer brièvement.
Il y a ceux qui vont débuter dans les prochaines semaines : je pense à la transformation de la place de la République et à la rénovation des halles centrales ;
Il y a ceux - ou plutôt celui- que nous allons terminer et essayer d’exploiter : ici, je désigne bien entendu le demi-grand stade de Beaublanc voulu et lancé par nos prédécesseurs ;
Et enfin ceux que nous allons continuer : en premier lieu la transformation en profondeur du quartier de La Bastide, avec l’ANRU, la communauté d’agglomération et Limoges Habitat,
- Mais aussi la politique de sécurité publique, qui reste au premier plan de mes préoccupations et de celles des Limougeauds ;
- Mais aussi le rayonnement de Limoges, condition sine qua non, pour conforter l’image de notre ville et donc son développement, et ainsi lutter contre le pessimisme consécutif à la perte de notre statut de capitale régionale,
- Mais aussi son désenclavement, qui reste plus que jamais prioritaire et qui semble enfin faire l’unanimité, même si l’ensemble des acteurs locaux et régionaux ont noté avec inquiétude vos derniers propos en date sur la RN 147, Monsieur le Préfet de Région ;
- Mais aussi et enfin, serais-je tenté de dire, l’accord avec Limoges Métropole. Vous connaissez le vers de Boileau : « cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage ». Inlassablement, nous allons donc remettre l’ouvrage du dialogue et refaire des propositions, encore et toujours. Et ce n’est pas, tant s’en faut, le moindre des chantiers qui nous attend en cette année 2018.
Ne comptez pas sur moi pour être démagogue. Ce soir, je vais vous parler de ce qui ne va pas. Car les thèmes que j’ai choisi d’aborder devant vous ne portent pas à cette autosatisfaction qu’il est de coutume d’afficher lors d’une cérémonie de vœux à la population et aux corps constitués. Mais ils sont révélateurs des lacunes que l’ensemble des acteurs : étatiques, administratifs, politiques, sociaux, économiques – et j’en passe - de cette agglomération, de ce département n’ont pas su et parfois pas voulu traiter pendant des années.
La sécurité tout d’abord.
En 2014, la Police Municipale était composée d’une petite trentaine d’agents, plus proches de la fonction de garde-champêtre que de celui de policier. Ils sont aujourd’hui près de 70, comptent dans leurs rangs 25% de femmes - ce qui en fait une des polices municipales les plus féminisées de France- sont entraînés, armés et patrouillent tous les jours, de 6h à 4h du matin. Nos policiers collaborent étroitement avec la police nationale et sont reliés à un centre de supervision urbain qui déploie une petite centaine de caméras de vidéo protection sur Limoges. Ce réseau de caméras, que l’Etat a largement soutenu sur le plan financier, est en extension et va s’accroitre significativement cette année auprès de nos groupes scolaires.
Cela m’autorise à vous dire que les faits de délinquance générale ont connu une baisse notable à Limoges sur les 10 premiers mois de 2017 (nous ne disposons pas des chiffres pour toute l’année) ! De vous dire aussi que le taux d’élucidation de ces faits de délinquance a enregistré un bond de plus de 25%, portant ainsi le taux de résolution global à près de 50% ce qui, de l’avis des spécialistes est exceptionnel !
Mieux : le sentiment d’insécurité au sein de la population est en très forte baisse sur la ville de Limoges : moins 13,35%. Ces bons résultats sont évidemment à porter au crédit de la Police Nationale mais j’affirme que la ville y a pris toute sa part.
Et c’est bien ainsi.
Pour autant, doit-on en être satisfait ? Non. Car Limoges souffre d’un vrai problème. Si l’on s’en tient à la sécheresse des chiffres de la Police Nationale, la part des étrangers – étranger (je n’oublie pas Camus): le mot est pris ici dans sa définition littérale, l’étranger n’est pas français– la part des étrangers donc dans cette délinquance générale est de 24,70% alors qu’elle n’est que de 16,90% au plan national.
24,7% à Limoges contre 16,9% dans le reste du pays ! De la même manière, si l’on s’en tient aux délits commis sur la voie publique, la part des mineurs s’élève à 45,5% à Limoges contre 36,6% au plan national.
Je pourrais citer beaucoup d’autres chiffres qui soulignent le problème, je ne le ferai pas car je refuse de nourrir la bête immonde du racisme. Pour autant, je refuse également de me voiler la face et de détourner le regard.
Et je me tourne vers l’Etat dans le droit fil de la politique du Président de la République, la ville va désormais refuser toute tentative d’installer à Limoges des populations d’immigrés sans papiers auxquelles le droit d’asile a été refusé ou dont on sait qu’il ne leur sera pas accordé. Ces populations qui, au final ne sont pas raccompagnées dans leur pays, n’ont d’autre choix dans notre pays que la misère, le communautarisme et l’entassement dans des quartiers où s’installe le non-droit.
Ce n’est pas à la ville de Limoges, qui compte neuf quartiers au titre de la politique de la ville, qui concentre la quasi-totalité des logements sociaux de l’agglo, dont le niveau de vie des ménages est inférieur à la moyenne de ceux de l’agglo, d’accueillir et de concentrer toute la misère de l’agglomération.
Oui à l’accueil, cent fois oui, sans la moindre réserve à tous les réfugiés reconnus comme tels, qui fuient les persécutions et les totalitarismes, religieux et politiques et qui veulent prendre dans notre pays et notre ville un nouveau départ ! Mais non, résolument, aux populations expulsables, dont le maintien dans des conditions indignes accroit la paupérisation de quartiers entiers et dont la présence constitue le terreau des extrémismes et des trafics de toute nature. C’est dans ce cadre que nous sommes candidats à la mise en place de la police de sécurité au quotidien que nous vous demandons de soutenir, Monsieur le Préfet.
Le rayonnement de Limoges.
En 2017, notre ville a connu des succès indéniables. Au label national « French Tech » qui reconnait le travail de la communauté d’agglomération et la qualité des « start-up » limougeaudes qu’elle promeut, sont venus s’ajouter un autre label national – celui de l’Identité Géographique qui protège l’appellation « porcelaine de Limoges » sur le territoire français – et un label international prestigieux : celui de « ville créative », décerné avec parcimonie par l’Unesco qui place Limoges au rang de Bombay, Montréal, Istambul ou Le Cap par exemple. Je vois dans cette floraison toutes les raisons d’espérer. J’y vois la preuve des atouts que nous avons à jouer. J’y vois aussi un démenti à ce sentiment bien réel qui prévaut chez nos concitoyens et qu’il serait absurde de nier ou de minimiser.
Car – et c’est un fait-, depuis que la ville a perdu son statut de capitale régionale, les Limougeauds se sentent dépossédés. Le départ de certaines administrations et de leur fonctionnaires est très mal vécu . Les menaces qui pèsent sur la Cour d’Appel et qui ne sont pas encore définitivement levées accentuent ce sentiment de dépossession. Enfin, la politique d’uniformisation des subventions de la Région Nouvelle-Aquitaine – dont l’Université et l’aéroport de Limoges sont deux exemples – est souvent mal comprise. N’oublions pas que Limoges a des responsabilités en tant que cœur du territoire limousin. C’est pourquoi nous restons mobilisés.
Il ne sert à rien de se lamenter, la Nouvelle-Aquitaine est un fait. Nous ne sommes pas pessimistes, Limoges est la deuxième jambe sur laquelle la Nouvelle Aquitaine doit s’appuyer pour être équilibrée.
Je viens de le dire : je suis de ceux qui pensent que se lamenter est inutile et qu’il faut pousser sur nos atouts pour relever les défis du siècle.
Le premier de ces défis, c’est évidemment l’emploi. Et, si je reconnais bien volontiers les promesses que contient la « French Tech Limoges », je n’oublie pas que le chemin du développement économique est encore long et qu’il serait pour l’instant indécent de trop se pousser du col.
Ainsi, le baromètre « Arthur Loyd 2017 » qui mesure l’attractivité et le dynamisme de 34 métropoles françaises en compilant et en analysant plus de 200 indicateurs a classé l’aire urbaine de Limoges en dernière position au plan national. De la même façon, un classement sur la vitalité économique de 113 villes de plus de 50.000 habitants, paru celui-ci le 25 août dernier dans un grand quotidien national, a placé limoges en 92e position !
92e sur 113 ! Avec un taux de création d’entreprise parmi les plus faibles de France mais - c’est encourageant, je tiens à le souligner – avec un bon taux de survie à 5 ans et un très bon taux dans le domaine du dépôt de brevets.
Il faut donc concentrer nos efforts sur l’emploi et le soutien systématique à tout ce qui peut concourir à sa création. Plus que jamais, cela doit constituer l’unique préoccupation de celles et ceux qui ont en charge d’aider au développement économique, c’est-à-dire l’Agglomération dont c’est la compétence aux côtés de la Région. Il ne suffit pas d’aider à la création – avec succès, je l’ai reconnu – de start-up ; il faut aller chercher les entreprises, il faut les convaincre de venir à Limoges, il faut les aider à s’installer. C’est vital pour Limoges, vital pour nos enfants et, pour le grand-père que je suis, vital pour nos petits-enfants.
Tout cela bien sûr n’est possible que si l’Etat montre qu’il est à notre écoute. En deux ans, nous avons encaissé la disparition du Limousin et la perte de notre statut de capitale régionale, l’abandon du TGV, la dégradation continue de notre liaison ferroviaire avec Paris. Nous avons aujourd’hui besoin d’un signe positif de l’Etat sur la RN 147 Limoges-Poitiers pour encourager les collectivités locales – Région Nouvelle-Aquitaine comprise – qui sont prêtes à participer au financement de sa mise à deux fois deux voies. Il est aujourd’hui indispensable de sécuriser et de transformer ce piège automobile en liaison régionale. Comme il est également indispensable de moderniser la ligne historique POLT, de changer ses trains, de l’optimiser.
Oui, il est urgent que l’Etat ne se contente pas d’affirmer qu’il soutient le Limousin. Nous voulons aussi qu’il le démontre.
C’est pour cela que je compte fermement sur nos trois députés – dont on peut penser qu’ils ont l’oreille du Président de la République – pour faire avancer toutes les composantes du dossier désenclavement avec l’ensemble des élus locaux et contribuer, enfin, à redonner de l’espoir à tous les acteurs économiques qui ne savent plus à quel saint se vouer ! Qu’ils soient pugnaces et persévérants et ils pourront compter sur mon plein et entier soutien pour parvenir à une solution. Comme nous comptons sur votre compréhension et votre soutien Monsieur le Préfet de Région.
Dernier chantier, les relations de la ville de Limoges avec l’EPCI qui porte son nom. Sans Limoges point de communauté, qu’elle soit d’agglomération ou Urbaine, ni de Métropole.
Il y a un an, j’ai fait ici 12 propositions pour sortir de l’impasse dans laquelle la communauté d’agglomération et la ville s’étaient enfermées. Je les ai transmises au Président de l’agglo ainsi qu’à l’ensemble de mes collègues maires. Je précise que l’intégralité de ces propositions – je dis bien l’intégralité – s’inspirait mot pour mot de ce qui avait été mis en place ailleurs, et notamment dans les EPCI ou deux tendances politiques opposées cohabitent. Et que mes propositions valaient pour nos 20 communes - Couzeix comprise dont je note au passage qu’elle s’oppose toujours à la transformation de l’agglo en Communauté Urbaine démontrant que le malaise dépasse les limites de Limoges et la personnalité de son maire…
On a commencé par me répondre que mes propositions étaient sans objet puisque déjà en application pour la plupart et « illégales » pour les autres…
Et puis, les mois passant, on s’est aperçu à l’agglo qu’un certain nombre d’entre elles étaient plutôt judicieuses et qu’il fallait donc les mettre en œuvre, ce qui a été fait. On s’est également rendu compte que d’autres supposaient un vrai dialogue et une réelle envie de travailler ensemble… et elles ont été soit sèchement refusées par l’agglo, soit enterrées en douceur.
Chers amis, pour mémoire, je vous rappelle que Limoges compte pour 65% de la population de l’agglo et 70% de sa richesse fiscale.
Cela n’a pas empêché l’agglo d’éjecter la ville sans autre forme de procès et en dépit du travail remarquable qui avait été entrepris, de son organisme HLM « Limoges Habitat : aujourd’hui la totalité des logements sociaux qui se trouvent sur le territoire de Limoges sont gérés par le maire de Condat… qui n’en compte aucun sur sa commune !
De la même façon, la ville a également été « virée » - pardonnez-moi le terme mais il n’y en a pas d’autres, de Limoges Tourisme dont l’économie est aujourd’hui gérée par la maire de Solignac.
Mais, je le disais dans mon introduction, cent fois sur le métier, il faut remettre l’ouvrage. J’ai noté que la 12e proposition, celle de travailler à la transformation de Limoges en métropole de plein exercice, écartée d’un revers de main il y a un an, était aujourd’hui reprise par le Président de l’agglo.
Alors je dis ceci : ce que nous n’avons pas réussi avec la Communauté urbaine, nous devons le réussir avec la métropole. Cet échec collectif de la communauté urbaine – nos concitoyens ne le comprennent pas et l’attribuent à l’un et à l’autre, à la ville certes mais aussi et peut-être surtout à la communauté d’agglo qui se montre incapable de dialoguer et d’accueillir une majorité politique différente de celle qui la gouverne.
Donc, je le redis encore une fois à mes collègues de Limoges Métropole : jetons la rancune à la rivière, il faut maintenant réussir. Travaillons ensemble, acceptons de dialoguer. Trouvons des compromis. Sortons de ces ordres du jour et de ces délibérations préparées à l’avance au sein de cénacles étroits où les véritables décisions – notamment celles qui impactent Limoges - sont prises et dont les représentants de la ville sont exclus. Je peux vous assurer que beaucoup de choses changeront.
Les temps politiques ont changé et l’année 2017 nous en a apporté la confirmation. Nos concitoyens l’attendent, la situation économique l’exige : modifions en profondeur la gouvernance de notre EPCI et regardons, ensemble, notre avenir.
Mes chers concitoyens, je vous ai parlé avec mon cœur. Je ne suis pas un politicien professionnel. J’ai consacré ma vie à la médecine, aux patients, à la santé publique et à l’hôpital, chacun le sait. Je me suis toujours intéressé à la chose publique mais mon engagement en politique est récent. Et ce n’est pas à mon âge que l’on fait une carrière… ni même qu’on devient dictateur ! … pour paraphraser un mot célèbre du Général De Gaulle.
Je n’ai donc d’autre ambition que de servir ma ville et celles ceux que j’appelle « mes chers Limougeauds ». Mon seul drapeau, c’est Limoges.
Au seuil de cette nouvelle année, je tiens à remercier les donateurs qui ont répondu à l’appel de la ville pour préserver notre patrimoine. C’est grâce à leur générosité que cette salle a pu être refaite. Nous l’inaugurons aujourd’hui, je vous propose de les applaudir.
Permettez-moi enfin de terminer en vous présentant mes vœux les plus chaleureux de santé, de bonheur et de réussite pour 2018, pour vous et ceux que vous aimez.
Mais permettez aussi au maire de Limoges de formuler ses vœux les plus persévérants, les plus déterminés, les plus volontaires pour la réussite de sa ville - de notre ville à tous.
Et d’en retenir un – le dernier, mais aussi le plus opiniâtre, le plus résolu, celui qui porte les espoirs des Limougeauds de bonne volonté : que 2018 soit l’année au cours de laquelle Limoges pourra enfin prendre toute sa place au sein de Limoges Métropole, l’année au terme de laquelle la mésentente avec son agglo ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Je vous remercie."