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Pourquoi nous refusons la communauté urbaine au 1er janvier prochain ; Beaublanc : la vérité des chi



Réunion du conseil municipal mercredi soir 16 novembre. Comme pour chaque conseil, j’ai fait le point dans mon propos liminaire sur deux dossiers essentiels pour la ville : la communauté urbaine et le demi-stade de Beaublanc.

En voici le texte intégral. Il est un peu long pour un post de blog mais les sujets qu’il traite le méritent.



« Sur l’ensemble des dossiers que nous avons à examiner ce soir, deux me paraissent particulièrement emblématiques de notre situation et de l’avenir de nos concitoyens, habitants de la Ville de Limoges ou de son Agglomération.

Le premier est presque un cas d’école tant il a suscité d’assertions douteuses, de chiffres fantaisistes, de mauvaise foi, de brochures inexactes et ce, en dépit de nos propositions et de nos multiples mises en garde.

Vous l’avez compris, il s’agit de la transformation de notre communauté d’agglomération en communauté urbaine.


Le second concerne la situation financière de notre ville. Nous l’aborderons lors du débat d’orientations budgétaires mais j’aimerais auparavant dresser un état des lieux.

Les chiffres, quand il s’agit de dépenses publiques et d’investissement, sont froids et implacables.

Surtout quand ils soulignent – et c’est le cas ce soir – une situation dangereuse pour les finances de la ville – que nous n’avons pas voulue et que nous devons aujourd’hui assumer à la place de l’ancienne majorité qui en porte, elle, l’entière responsabilité.


XXX


Le passage en communauté urbaine tout d’abord.

Vous le savez aussi bien que moi : depuis maintenant plusieurs mois, le Président de Limoges Métropole répète le même mantra, inlassablement : « 3, 2 millions d’euros. Voilà ce que nous perdrons si nous refusons la Communauté Urbaine ».

Quelle que soit la réunion, quel que soit le lieu, quel que soit l’interlocuteur, quel que soit le média – journaux, radios, télévision, correspondance -, le Président de Limoges Métropole agite ses 3,2 millions d’euros. Ce qui était un argument de propagande se transforme maintenant en véritable obsession.


Le problème, c’est que « l’arbre 3,2 millions d’euros » cache la forêt des non-dits, des questions non réglées, des difficultés cachées sous le tapis des bonnes intentions, des complications à venir, voire des paroles données mais non respectées. Et la pluie des luxueux documents en quadrichromie qui s’abattent sur la ville - imprimés par l’agglo avec l’argent de nos impôts - confirme toutes nos préventions et nous conforte dans notre démarche.

Quand nous, élus de Limoges, c’est-à-dire représentant les deux-tiers des habitants de l’agglo, posons des questions précises sur des sujets précis, pour lesquelles nous attendons des réponses précises, les élus - représentant le dernier tiers des habitants de l’agglo- nous répondent généralement : « d’accord, on va discuter. Mais signez d’abord ».


Cela ne nous suffit pas.

Quelques exemples de questions non résolues à ce jour.


Pourquoi les Limougeauds supportent-ils seuls – au sein de l’agglo - le coût de l’aéroport de Bellegarde alors qu’il bénéficie à tous ? Il devrait déjà être un équipement communautaire ; il est donc proprement scandaleux que l’agglo subordonne sa prise en charge au passage préalable en communauté urbaine. « La loi, toute la loi, rien que la loi » !


Pourquoi la ville de Limoges supporte-elle, seule là aussi, le coût des équipements qui bénéficient à l’ensemble des habitants de l’agglo ? Je pense ici à la BFM, à la patinoire olympique, à l’opéra-théâtre, aux musées de la ville, au golf de Saint-Lazare ou encore au grand stade de Beaublanc sur lequel je reviendrai tout à l’heure. Il n’est pas normal que seuls les Limougeauds payent et qu’on nous réponde – comme toujours – que les discussions seront ouvertes dès le passage en C.U. effectué.

La BFM par exemple : si demain l’agglo participe à son financement, tous ses habitants – qu’ils soient ou non Limougeauds – pourraient bénéficier de la gratuité. Voilà qui serait une réelle avancée !


Pourquoi le Président de la communauté d’agglo est-il si vague, si imprécis et n’est-il capable que de réponses dilatoires quand on l’interroge sur les coûts de structure ? Et ces coûts de structure, ils sont là, sous nos yeux :

  • Déjà une rallonge budgétaire de 500.000 € pour le personnel actuel avant même qu’un seul agent ne soit transféré à l’Agglo ;

  • Rue Bernard Palissy, un nouveau siège magnifique, presque luxueux, pour une partie des élus et une administration qui va inexorablement enfler ;

  • Une direction et des services informatiques en cours de constitution alors que la DSI de la ville était largement dimensionnée pour continuer à assurer cette fonction ; et j’en passe.

Qui va payer tout cela sinon le contribuable ?


Je continue.

Dans un registre différent, pourquoi le président de la communauté d’agglo soumet-il l’intégration de Chaptelat, pourtant actée en CDCI, au passage en communauté urbaine ? Plus nous serons nombreux, plus nous serons forts. Pourquoi une telle frilosité ? Pour ne pas aborder le nouveau Pacte de représentativité rendu obligatoire? Pour ne pas donner de réponse sur la gestion du Tourisme ou la gestion de Limoges habitat dès le 1er janvier 2017 ?


Pourquoi le Président de l’agglomération et les membres de son bureau se contentaient-ils de ricaner quand nous les interrogions sur la gouvernance de la future Communauté Urbaine et la collaboration qui doit prévaloir entre nous ? Pourquoi ont-ils transformé cette question primordiale de la gouvernance en préoccupation subalterne pendant de longs mois ?

La convocation - trop tardive, bien trop tardive - de la réunion des maires a mis en évidence tout le travail qui aurait dû être accompli et la place centrale de deux principes :

  • d’abord la prééminence des maires dans la gestion politique du projet (de son élaboration au suivi de sa mise en œuvre)

  • ensuite l’abandon définitif de la pratique majorité/opposition au sein de la communauté afin de promouvoir un fonctionnement entre élus responsables et respectueux de tous.

L’agglomération, et, a fortiori la CU, ne sont pas des collectivités mais des espaces de coopération. Cette pratique nous est refusée, elle est pourtant le préalable indispensable à son fonctionnement démocratique et à son acceptation par tous.


Je pourrais continuer ainsi à l’infini, mais à quoi bon ? Vous l’avez compris : en l’état, nous refusons la communauté urbaine qui nous est proposée.


Nous la refusons parce que nous défendons Limoges et ses habitants qui, pour l’heure, sont les laissés pour compte de l’agglo.

Nous la refusons parce que nous n’avons pas confiance.

Nous la refusons parce qu’il ne suffit pas d’agiter un chiffre de subvention – dont on sait déjà qu’elle est mangée par les dépenses en cours - pour faire un projet.

Nous la refusons, enfin, parce que nous sommes des démocrates. L’agglo – je le répète - est un EPCI, c’est-à-dire un espace de coopération au service des communes et non cette pseudo-collectivité telle que son président et son groupe politique tentent de nous l’imposer aujourd’hui. Le président doit oublier ses préférences partisanes et travailler pour tous. Il doit être, en démocrate, l’animateur de la coopération qui doit prévaloir chez l’ensemble des maires et des élus au service de toutes les communes.


Mais ce refus – je l’espère vivement – n’est que temporaire. A terme – j’espère, là aussi, le plus rapidement possible – la raison prévaudra.

La balle est dans le camp de l’agglo :

  • changez de méthodes, nous changerons d’avis ;

  • oubliez vos préférences partisanes pour ne considérer que nos intérêts communs et nous travaillerons avec vous en confiance ;

  • coopérons vraiment et nous voterons le passage en communauté urbaine avec enthousiasme.

Nous en prenons l’engagement ce soir.


XXX



Le deuxième point que je souhaite aborder concerne la situation financière de la ville. Vous le savez, elle est tendue et elle nous obligera à prendre, d’ici la fin de l’année, des décisions difficiles.

Cette situation est due à la conjugaison de trois facteurs.


Premier facteur, la baisse des dotations de l’Etat. La dotation globale de fonctionnement est passée de 34 millions d’Euros - dernière année budgétaire de l’ancienne municipalité -, à 24,8 millions cette année. Soit une amputation brutale de plus de 25% en 4 ans !

Ajoutée aux baisses de recettes dues pour partie à la crise économique qui affecte notre pays, ce sont 10,4 millions d’Euros de recettes perdues depuis 2013 par la grâce des gouvernements de M. Hollande !

Nous avons réagi. Sous les lazzis et critiques d’une opposition inconsciente des réalités, nous avons examiné à la loupe le train de vie de la mairie et éliminé les excès.

Voitures, imprimantes et fournitures diverses, assurances, mutualisation des achats et j’en passe : nous avons à la fois remis de l’ordre dans la gestion quotidienne de la ville et demandé aux services municipaux à la fois de réduire les coûts de fonctionnement et de travailler plus.

Et je salue les personnels de la ville et leur rends hommage ce soir : ils ont parfaitement – et ce n’était pas toujours facile - joué le jeu, notamment en acceptant les 1607 heures effectivement travaillées par an.

Au total, 7,8 millions d’euros d’économies ont été trouvées et réalisées.

Mais aujourd’hui, nous sommes à l’os. Nous ne pouvons plus couper sans remettre en cause les fondements du service que nous devons à nos concitoyens et cela, nous ne le voulons pas.


XXX


Deuxième cause de pertes financières, le déclassement de Limoges. Notre ville était la capitale administrative du Limousin, elle ne l’est plus. Cela s’est fait avec l’aval du groupe socialiste. Et pour cause : nous le devons aussi au gouvernement que vous soutenez.

En attendant, la ville paie les conséquences de votre impéritie. Notamment avec le départ d’un nombre de cadres administratifs – et donc de contribuables – vers Bordeaux. Ensuite, qu’on le veuille ou non, avec une perte d’image sensible en passant du statut de « ville capitale régionale » à l’anonymat du statut de ville de province parmi les autres.


Seconde conséquence de ce déclassement, la position ambiguë de l’ancien président de la Région Limousin devenu aujourd’hui Premier Vice-Président de la Nouvelle Aquitaine à l’égard de Limoges. Comment en effet qualifier autrement le silence assourdissant qui caractérise son inaction et même sa passivité coupable quand notre ville subit les conséquences de ce regroupement administratif ?


Je n’évoquerai pas la question des 36 millions de l’Université de Limoges pour me contenter de celle des 950.000 euros perdus de La Bastide. Cette subvention, actée par l’Etat, l’ANRU, la ville et tous les bailleurs sociaux avait été signée deux fois par l’actuel 1er VP de la Nouvelle Aquitaine : en tant que président de l’agglo d’abord et en tant que président de la Région Limousin ensuite. C’était en septembre 2015.

Dix mois plus tard, en juillet 2016, nous apprenons que cette subvention est supprimée par la Nouvelle Aquitaine.


Quand nous l’informons de cette décision et lui demandons d’intervenir, il répond, méprisant, qu’il y a un problème de délais dans le traitement administratif du dossier. Incroyable mais vrai ! La Bastide perd 950.000 euros et le même ratiocine sous de faux prétextes !


Et il voudrait qu’on lui fasse confiance pour un passage en communauté urbaine alors qu’il est incapable d’honorer sa signature ? Sans commentaire.


XXX


Troisième et dernier facteur, ce que le journal l’Equipe a baptisé « le fiasco de Beaublanc ». Vous l’avez découvert ces derniers jours dans la presse, pour ma part je le porte depuis notre élection. Contrairement à ce qu’a affirmé l’ancien maire ici même et dans sa feuille périodique, nous n’avons jamais cessé de travailler sur ce dossier depuis deux ans et jamais personne ne nous a proposé la moindre solution.

Depuis avril 2014, nous naviguons de Charybde en Scylla dans ce dossier.


  • Il y a tout d’abord ce que les techniciens appellent « les points de faiblesse » du chantier, comprenez les fissures et défauts de structures qui compromettent gravement sa sécurité. Entre les premières découvertes – qui datent de février 2014 - et les audits que nous avons eu la sagesse de demander, on en a dénombré près de 150 dans la structure béton de Beaublanc ! 144 exactement mes chers collègues !

  • Il y a ensuite les disparitions en cascade. Les bureaux d’études, auteurs des erreurs de calculs qui ont provoqué ces points de faiblesse ont été liquidés l’un après l’autre. D’abord la filiale française qui travaillait sur Beaublanc, puis la maison-mère allemande, titulaire du marché aux côtés du cabinet d’architecture. Le directeur régional d’Eiffage, la société en charge de la construction du stade, a indiqué à la presse n’avoir jamais vu cela en 28 ans de carrière !

  • Enfin, nous avons découvert que le chantier avait été assuré par l’ancienne municipalité avec un contrat excluant les erreurs de conception et de calculs de structures. En d’autres termes que les erreurs provoquant le désordre du chantier n’étaient pas prises en compte.


Tout cela, mes chers collègues, a un coût, ou plutôt un surcoût. Les derniers chiffrages sont en cours mais je peux d’ores et déjà vous annoncer que le surcoût du demi-grand stade de Beaublanc sera compris entre 7 et 10 millions HT.


Je récapitule :

  • Coût initial du stade : près de 52 millions d’Euros TTC et non 35 millions comme affiché par l’ancienne municipalité.

  • A ce coût initial, il convient de rajouter les travaux d’aménagement intérieur non prévus dans la note finale par l’ancienne municipalité et qui s’élèvent à 630.000 euros.

  • Il convient maintenant d’y rajouter le surcoût des réparations : entre 7 et 10 millions d’euros.

  • Ce qui nous fait une addition finale qui sera comprise entre 60 et 65 millions d’euros TTC.


Sachant que la ville a déjà réglé 42 millions d’euros TTC, il reste donc au contribuable une facture de l’ordre de 20 à 23 millions d’euros à payer dans les trois années qui viennent. Une somme entièrement à la charge de la ville, dont nous devons faire l’avance et que nous ne sommes absolument pas assurés de récupérer dans la mesure où, je l’ai dit, nous étions mal assurés.

Et tout cela pour un demi-grand stade qui, aujourd’hui, n’a pas l’équipe locale d’un niveau sportif suffisant pour le prendre en charge et des coûts de fonctionnement que l’on estime entre 500 et 800.000 euros par an. Là encore à la charge du contribuable limougeaud


C’est le bilan de Beaublanc, ou plutôt : c’est VOTRE bilan de Beaublanc, Mesdames et Messieurs de l’ancienne municipalité. Il est accablant. J’espère au moins que vous serez contents d’apprendre que les travaux devraient reprendre en février 2017 et le stade entrer en service avant l’été 2018.


XXX


Je conclus.

Entre la baisse des dotations de l’Etat que nous devons au gouvernement que vous soutenez ; la perte de notre statut de capitale administrative régionale que nous vous devons également et, enfin, le gouffre financier que vous avez creusé à Beaublanc, nous serons contraints de proposer une hausse de nos taux d’imposition quand nous voterons le budget, le 13 décembre prochain.


J’en suis – et tous mes collègues de la majorité avec moi – profondément contrarié. Car cette augmentation - je prends les Limougeauds à témoin – c’est à vous, vos amis, votre équipe, votre gouvernement que nous la devons. Je ne connais pas de situation plus injuste pour un maire qui pense à ses concitoyens.


Dernier point : cette hausse des taux d’imposition ne sera bien entendu fixée que lorsque le bilan financier de Beaublanc sera définitif. Malheureusement, elle sera d’au moins 5%. Je dis bien au moins.

C’est pour cela – et j’en prends l’engagement solennel ce soir – que cette hausse ne sera que temporaire. Si l’Etat maintient ses dotations et si nous parvenons à nous faire rembourser l’argent du surcoût de Beaublanc par les assurances, je m’engage à le restituer aux Limougeauds sous forme de baisse des taux d’imposition.


Voilà mes chers collègues ce dont je tenais à vous faire part. Merci de m’avoir écouté ».


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